Les frappés du canot - Récit 2008 - Jour 8

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Jour 8

Au bout de soi...

La tempête est passée et, au réveil, nous pouvons constater ses effets : plus de 50 cm de neige recouvrent notre coin de paradis. Chalets, sapins, chemins, voitures,… tout est habillé de blanc. C’est magnifique !
Mais une ½ heure d’efforts et l’arrivée d’un tracteur seront nécessaires pour dégager notre véhicule et nous rendre, pour certains (Didier, Fred & Richard) chez Ti-coq pour un copieux petit dej (Å“ufs, saucisses, bacon, toast, chocolat ou café,…) à 8h00.
photo 2008
Pour les moins affamés ou les plus « lèvent tard », le repas sera pris au chalet.

Les filles se retrouveront chez Ti’Coq pour leur petit déj de 10h00.

Mais le jour est spécial. Notre équipe va disputer la Grande Course de Charlevoix. Il a été convenu qu’à défaut de préliminaire, ce serait le classement de l’année précédente qui fixerait l’ordre de départ. Nous partirons donc en 13ème position (sur les 16 compétiteurs de la classe « participation ») à 12h40 précises après les classes « compétition hommes » (12h30) et « compétition femmes » (12h35). Mais à cet instant rien n’est moins sur : la neige tombe, la visibilité est restreinte et les organisateurs se laissent jusqu’à 11h00 pour éventuellement reporter la course au lendemain.

Petit récit…de l'intérieur du canot...

A 10h15, nous amenons le canot à la marina pour le peser (350 livres, soit le plus lourd du circuit) et le positionner sur la ligne de départ.

A 10h30, nous constatons les modifications apportées par la tempête à notre terrain d’entrainement. Le Saint Laurent est méconnaissable. Les précieuses veines d’eau ont disparu et tout semble être un vaste champ de sloche. Nous rejoignons la salle municipale pour nous changer et prendre une dernière collation (bananes, barres de céréales,…).

La neige a cessé de tomber et il est clair que l’heure de vérité approche. Didier se rend à 11h00 à un dernier brief des capitaines.

La traversée depuis l’île au quai de St-Joseph-de-la-Rive devra se faire à moins de 50 minutes pour notre classe. Au-delà, la course sera stoppée pour les retardataires.

Nous finissons de peaufiner notre stratégie : nous longerons la rive de l’île en direction de l’aval jusqu’à rencontrer une veine d’eau qui devrait arriver avec le fin de la marée montante. Le pari est risqué mais le « tuyau » semble sur.

Après un rapide échauffement, nous voici à côté de notre canot en 13ème position prêts à partir et à 12h40… GOOOO !!!
photo 2008
Nous nous élançons tous vers la sortie de la marina enneigée, direction le St Laurent. Bien sur, c’est la cohue, mais nous parvenons à nous en extirper assez brillamment en grappillant quelques places. L’émulation, l’effort et le stress du départ font grimper nos pulsations en flèche. Nous parvenons à nous positionner pour appliquer notre stratégie qui semble être celle de la majorité du peloton. Rapidement, nous rejoignons la fameuse veine d’eau et ramons énergiquement vers l’autre rive. Nous nous retrouvons au coude à coude avec l’équipe DMR. Elle concourt et prétend au titre de la classe « compétition féminine ». Alors que le contact entre les 2 canots risque d’être viril, Didier stoppe tout et laisse passer.

Il y a du Cyrano dans notre capitaine, non pas dans le nez, mais dans la classe et le panache avec laquelle il guide son équipe ! En effet, si l’objectif nous est cher, la manière de l’atteindre a aussi son importance. Soyons irréprochables !

13h25 : il nous reste 5 minutes pour récupérer le témoin sur la rive (le sac postal) et nous sommes à la rame en train de longer le quai.

Le point est stratégique et provoque forcément des embouteillages. Chez nous, ça génère un peu de fébrilité ; alors forcément, ça râle, ça gueule et …ça s’engueule. Qu’il soit dit qu’il y a 5 forts caractères à bord du canot français. Rien de bien méchant, juste l’esprit gaulois râleur et rebelle qui s’exprime.

Morceaux choisis…

Thierry : Putain, Richard, Pierre, qu’est-ce que vous foutez ??! Sortez devant pour guider le bateau !!
Et aux deux avants de répondre aussi intelligemment : ta gueule, si tu crois mieux faire, t’as qu’à y aller toi !
Le ridicule de ces propos nourrira bien des fou-rires,… a posteriori !

Mais finalement, nous parvenons à récupérer ce fameux sac non sans quelques bosses (le genou de Didier sauvagement agressé par un canot adverse). Nous relançons la machine et entamons le retour vers l’île avec le double sentiment d’avoir frôlé la catastrophe (à 3 minutes près nous étions stoppés) et d’avoir bien mené (peu d’erreurs) cette première partie de course. Les temps de 3 équipes de la classe « compétition hommes » seront similaires aux nôtres sur ce tronçon.

Le fleuve est désormais à marée descendante et notre point d’arrivée est bien évidemment en amont.

Nous profitons d’une veine d’eau pour remonter le fleuve. Mais rapidement, la glace et la sloche réapparaissent et nous obligent à rentrer les rames et à piquer directement vers la glace statique sur la rive opposée. Les transitions se passent à merveille. Chacun connaît son boulot et s’y emploie. Fred, lui, reste silencieux. Dans la difficulté, il rentre la tête et va chercher plus profondément encore dans la mélasse gelée un point d’appui fixe avec ses crampons pour propulser le canot.

Le travail remarquable réalisé par nos arrières (Thierry et Fred) nous permet de ne jamais rester englué dans la sloche. Les avants eux scandent à tour de rôle le rythme : « hop, hop, hop,… ». Mais le tapis roulant contrarie notre progression pourtant fluide. Nous parvenons enfin à récupérer le « statique » et remontons la rive vers l’arrivée. Toutefois, nous le savons, le plus dur reste à faire : le finish se cache derrière 2 quais. Les contourner nous contraint à revenir sur le tapis roulant. Nous nous lançons, mais la fatigue est là. Nous bloquons sur les reliefs glacés. Vu du fleuve, ces quais paraissent menaçants : des parois de plus de 3 mètres de haut en métal rouillés. Ils semblent se défiler alors que c’est nous qui ne parvenons pas à aller plus vite que la marée.

Heureusement, en haut des quais, il y a aussi les supporters de l’île au coudre, nos hôtes : allez Véolia, allez les français, allez les cousins !!!
Les filles sont là aussi… pour crier encore plus fort les encouragements.

Ensemble, nous nous encourageons, nous nous arrachons et parvenons à passer le premier quai. Nous sommes à bout. Pourtant pas de temps à perdre. Pas question de se gérer. Ici temporiser c’est reculer ! Dans la sloche, Didier demande à ses arrières d’utiliser leur rame pendant que les avants poursuivent à la « trottinette ». L’idée fonctionne. Elle nous permet de récupérer et de nous mettre dans de bonnes dispositions pour partir à l’assaut du 2ème quai.
photo 2008
La neige fraîche cache des pièges : des blocs saillants, des trous d’eau. Devant, Richard et Pierre multiplient les sorties pour passer les blocs. Parfois à 4 pattes, une main sur le canot pour le tracter et l’autre bras et les jambes enfoncés dans la neige. Heureusement, l’équipe fonctionne bien (les arrières viennent soutenir les avants sur les passages difficiles) et parvient à se hisser sur un bloc qui permettra sans doute de nous lancer vers la ligne d’arrivée. A cet instant un autre canot coupe en contre bas notre trajectoire. C’est trop dangereux. Encore une fois, on stoppe notre dynamique. Le quai nous repasse alors devant. Tant d’effort pour rien. Pour les plus anciens (Didier, Thierry et Richard) plane alors l’angoisse de l’échec du Carnaval de Québec en 2005. Cela ne se produira pas. Sans répits, l’équipe se remobilise, s’encourage, essayant de compenser par plus de ténacité et d’efforts son inexpérience, sa fatigue et la lourdeur de son canot. Les visages sont de plus en plus marqués, les gestes de plus en plus douloureux et le cÅ“ur à près de 190 pulsations/mns sans doute. Et enfin, au bout de soi, au bout de nous, au bout de 2h20 de course… la glace statique de la marina nous conduit à la ligne d’arrivée.
photo 2008
Nous terminons 12ème de la classe « participation ». 3 équipes de Québec de cette catégorie ont été stoppées sur l’autre rive. 5 équipes de la classe « compétition féminine » n’ont pas terminé. « Tout ça pour ça ! » diront les esprits chagrin. Pourtant, à l’heure de penser plaies et bosses, quelle belle victoire avons-nous accomplie là : peu de fautes de débutant (si ce n’est quelques maladresses sur la fin chèrement payées), un gros mental et une forte cohésion qui nous ont valu l’admiration et les félicitations des autres compétiteurs.

De la rive que l’épreuve fut rude aussi pour nous, les filles. Non pas par le froid (si, si... un peu quand même !!). Certaines discussions nous donnent des sueurs froides... certains des équipage ne sont pas dans les temps... Ils ont été retenus de l’autre côté... C'est la pression jusqu’à ce que les 3 noms d’équipes qui n’ont pas pu tenir la course soit annoncés. Et surtout jusqu’à voir nos « chums » arriver au bout du premier quai.

Le franchissement de ce quai fut une véritable épreuve. Un bloc de glace arrive. 3 canots sont au coude à coude. Le canot Véolia doit faire sa place, il semble dériver, emporté par le courant... puis se remet dans la course.
Nous souffrons un peu avec eux…

C’est après beaucoup d’affrontements avec les deux canots arrivés en même temps (on se pousse, on se tire…) que les garçons franchissent la ligne d’arrivée. Ils se serrent alors dans les bras, satisfaits de leur prestation; la place est belle. L’épreuve était particulièrement technique. De l’avis des connaisseurs que nous retrouvons à la fin de la course ce sont des conditions réellement difficiles.

Les garçons peuvent aller se reposer… et se réchauffer !! Nous remontons vers les chalets. Pierre et Valérie prendront la route en direction de Québec pour aller récupérer Laurentine et Morgan. Aucune nouvelle d’eux mais nous supposons qu’ils sont en route. Finalement ils n’auront pas réussi à accrocher le bus qui arrive vers 18h00 à Québec. Ils n’arriveront qu’à 21h00. Le dernier traversier de 23h00 franchira le Saint-laurent sans eux. La soirée se passera à Québec ou ne se passera pas ! Pendant ce temps, à l’île-aux-Coudres les canotiers et le reste de notre groupe se retrouvent pour une belle soirée. Groupe rock, buffet, discours, remise des prix…

Annie Harvey mènera, comme à son habitude, un discours de choc. Remise des prix. Hommage très émouvant à Dan, patron du Crapet-Soleil. Le Crapet ferme. Dan Å“uvre depuis longtemps pour la Grande Traversée de Charlevoix. On sent cette équipe de bénévoles soudée, et leur union donne naissance à une rencontre formidable. La Grande Traversée de Charlevoix transpire d’une ambiance chaleureuse et l’accueil qui est donné sur l’île lui donne un visage tout particulier.

Le coucher se fera aux alentours de 23h00.

Pour les uns sur l’île, pour les autres à Québec...

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