Les frappés du canot - Récit 2005 - Jour 14

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Jour 14

Dimanche 06 février 2005

Une journée pour “ bagnard †du fleuve.

La course en canot à glace du Carnaval de Québec 2005 C’est aujourd’hui !
Nous nous réveillons sans trop de stress au niveau de l’heure, la totalité des réparations et du cirage ayant été faites hier. Au petit déjeuner, la pression monte tranquillement avec des stratégies de course établies en fonction des informations données la veille par Geneviève Corbeil. Membre de l’équipe féminine de DMR et ex co-équipière de Corinne, elle s’est donnée la peine d’aller voir le fleuve hier soir aux mêmes conditions de marée que la course.

Le redoux de ces derniers jours a enfin libéré des veines d’eau et le relief de glace a baissé.

Toute l’équipe est prête, habillées pour le grand jour, Hélène et Valérie sont presque plus stressées que nous. La descente sur le port de Québec en voiture est silencieuse.

Premières vues sur le fleuve vers 11H45... Pas d’eau, mais alors pas d’eau du tout, le relief est inégal, il y ici et là des blocs plus haut qu’un homme. Philippe est très inquiet mais se garde bien d’en parler aux autres, tout le monde a son propre stress a gérer.
Nous pêchons des informations à droite et à gauche, surtout Didier qui s’entretient avec Bruno Harvey, gagnant du Carnaval 2004. Il sait quoi faire et jusqu’où remonter sur la rive de Lévis, mais la partie sera difficile.

Le principe est de partir du bassin du port de Québec, puis descendre en longeant les quais pendant environ 1 kilomètre pour un premier touché, puis traverser le Saint Laurent pour effectuer un deuxième touché à Lévis pour finalement revenir dans le bassin. La marée est sur le montant et ira en s’amplifiant au fil des heures.

Le canot est descendu dans le bassin par les bénévoles du Carnaval, toujours souriants. Nous prenons notre emplacement défini par les préliminaires de la veille, 14ème sur la ligne de départ. Nous nous rendons au milieu du bassin pour observer la trajectoire prise par les équipes compétitions afin de décider quelle sera la meilleure.

Nous prenons notre place à côté du canot et c’est Bonhomme Carnaval qui donne le départ:

Nous partons plutôt bien et passons là ou nous l’avions décidé, rapidement nous nous éloignons du mur pour ne pas être coincés par le courant. Tout le long des quais, nous entendons hurler les spectateurs ce qui décuple nos forces.
La première touche est rapide, mais avec vingt canots en classe participation c’est une vraie pagaille. L’équipe ne fait pas trop d’erreur, seuls les collisions avec les autres canots nous ralentissent, l’esprit fair-play règne et tous les canotiers mettent du leur pour ne rien briser ni blesser personne.
Nous entamons tout de suite la traversée sur Lévis, le courant n’est pas trop fort, les conditions de glace plutôt bonnes et la technique des équipiers n’a cessé de progresser au court des huit entraînements depuis notre arrivée. Nous avons une cohésion parfaite et nous prenons tous un immense plaisir à voir avancer notre canot.

Nous touchons à Lévis au bout de 37 minutes, il y a des canots partout autour de nous, nous sommes vraiment dans la course. Les spectateurs sur les quais crient “ allez la France †et “ allez les bleus â€, c’est super motivant, nous tirons encore plus fort sur les rames.

A noter tout de même qu’en voyant arriver derrière nous l’équipe de Château Frontenac A en course pour la victoire, notre barreur évalue rapidement la situation et voit que le passage sera trop étroit pour deux canots, il décide donc de nous envoyer directement contre un bloc de glace. Le canot est arrêté net et Château A peut passer sans ralentir. Bonne route les gars !

Didier suit les recommandations de Bruno et décide même de remonter encore plus haut afin de contrer l’effet de la marée qui nous déportera immanquablement. Quand le top est donné pour entamer la dernière traversée, toute l’équipe est à bloc et ça va vite, nous progressons rapidement mais la marée est de plus en plus forte, surtout en avançant vers Québec.

Nous sommes à moins de 150 mètres de l’entrée du bassin et l’équipe féminine DMR, gagnante de plusieurs éditions du Carnaval, est juste devant nous. Nous approchons du but mais le courant est fort, notre angle de progression se ferme de plus en plus et nous sommes finalement contraints de nous battre uniquement contre la marée, nous ne progressons plus vers l’arrivée, et pire: Nous commençons à reculer, lentement mais irrémédiablement, le relief s’élève et le courant s’accentue encore.

Là il nous faut rendre hommage à un adversaire. Un adversaire d’une puissance incommensurable, un adversaire qui malgré toute sa beauté a bien fait sentir à tout le monde que c’était lui le maître des lieux, un adversaire qui aujourd’hui a encore imposé sa loi aux canotiers et nous a fait déposer les armes.

Cet adversaire s’est bien sur le fleuve Saint Laurent.
Respect.

Nous avions complété les ¾ de la course en une heure, nous allons faire du tapis roulant sur une glace continuelle, inégale en hauteur et surtout un terrible courant évalué à six nÅ“uds (environ 11 Km/H) pendant 2 HEURES !!
Deux heures sans arrêter, deux heures sans même penser que nous avions déjà perdu, deux heures de bagarre et d’une bataille contre les éléments qui vont laisser des traces dans le corps et surtout dans la tête.
Nous sommes descendus pendant plus d’un kilomètre et demi alors que nous n’avons pas cessé de courir et de débarquer sur les glaces avec parfois le canot bien au dessus de nos têtes. DMR vient d’abandonner juste devant nous. L’équipe s’arrête et nous prenons une décision à l’unanimité, “ on continue pendant 15 minutes et on voit â€.
15 minutes plus tard, il faut se rendre à l’évidence, nous n’avons pas progressé d’un mètre.
La dernière décision de la course prise par l’équipe sera de rejoindre le bord du fleuve et d’arrêter ici notre course... Valérie et Hélène nous attendent en vain à l’arrivée.

La déception est immense même pour Corinne qui conclu ainsi sa 7ème course du Carnaval. Certains l’extériorisent en pleurant de dépit, d’autres bouillonnent à l’intérieur en essayant de faire contre mauvaise fortune bon cÅ“ur.

A noter tout de même que sur 41 équipes au départ, seules quatorze ont terminé la course, nous avons eu de nombreux compagnons de galères tout au long des quais de Québec.

Finalement, en y pensant bien, nous nous sommes régalés en allant au bout de notre effort. Cette aventure a emballé tout le monde même Thierry et Richard qui n’avait jamais vu de glace. Ce sport, l’accueil des Québécois, le Saint Laurent et l’ambiance entre canotiers, fait que ces moments deviennent magiques et que nous décidons tous de revenir l’an prochain.

Nous apprendrons dans la soirée, que l’avant veille, les brises glaces avaient purgé une partie du lac Saint-pierre libérant ainsi des milliers de mètres carré de glace qui descendront avec le courant pour finalement se trouver à Québec le jour même que la course. Pour couronner le tout, la douceur a permis à certains affluents du Saint Laurent d’entamer leur débâcle, expliquant ainsi la présence d’immenses blocs de glace bleus et transparents, quel magnifique spectacle mais quel terrible expérience pour nous ! La nuit tombe et il nous faut nous occuper de rapatrier le canot et l’équipe.
Mille merci à Martin Deschênes et surtout à Pierre Olivier, un p’tit gars pas très vieux mais enthousiasmé par notre aventure qui nous permettra de tout ranger et de remonter à l’auberge à une heure décente.

La remise des prix est déjà en court quand nous arrivons. Richard Moore, le directeur de la course en canot tient absolument à nous faire monter sur le podium pour présenter cette équipe de France qui a fait 6 000 kilomètres pour se battre contre le Saint Laurent. C’est notre minute de gloire et merci à lui pour nous avoir supporté malgré ses très modestes moyens.

Fin de soirée avec un repas chaud bien mérité et une interminable tournée des tables pour saluer et remercier tout les canotiers qui nous ont aidé. La salle est vide alors que nous sommes encore en train de discuter avec d’autres équipes de cette super expérience de 15 jours.

Finalement, comme Corinne et Philippe le leur avaient promis, nous partons manger une poutine, LE plat typique Québécois. Richard, Thierry, Valérie, Hélène et Didier jouent le jeu et font sourire nos amis Québécois.

Un dernier au revoir avec la promesse de revenir et direction le dodo.
Finit le canot pour 2005, demain, retour en France pour cinq d’entre nous.

photo 2005
photo 2005
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